L’Institut ayant pour unique objectif d’envoyer ses membres dans les pays de mission, n’a pas fondé d’œuvres en France. Mais en 1937, six ans après sa fondation, à la demande de la Société des Missions Etrangères de Paris, des Sœurs furent détachées pour servir dans leurs maisons de formation jusqu’à l’ordination sacerdotale et le départ en mission des nouveaux missionnaires.
Située à Notre Dame de La Motte est aujourd’hui un lieu d’accueil et de rencontre avec pour objectif :
- L’accueil des Sœurs Indiennes en vue d’une préparation à la mission à laquelle elles sont destinées (France, Hongkong, Madagascar).
- Un partage de vie avec les gens du quartier.
- Un engagement pastoral : dans les paroisses voisines (catéchisme, mouvements d’Action Catholique, E.A.P.) et dans des Associations
Les premières sœurs envoyées en mission l’ont été six ans après la fondation de l’Institut. C’est à la demande de Mgr Colas, évêque de Pondichéry, que cinq sœurs ont été envoyées en Inde pour un poste de mission qui s’ouvrait à Chinnasalem. À savoir : Sœur Marie Joseph, Sr. Marie Denise, Sr. Marie Germaine, Sr. Marie Clotilde et Sr. Marie Thérèse.
Après la cérémonie du départ, à La Motte, le 3 octobre 1937, elles prirent le bateau à Marseille. La traversée dura 21 jours et elles débarquèrent à Pondichéry, où les Pères les accueillirent pour les conduire à l’Evêché, pour saluer Mgr Colas. Aussitôt après, elle prirent la route pour Cuddalore où un bungalow de la mission fut mis à leur disposition, en attendant que la construction du couvent de Chinnasalem soit terminée. Elles y restèrent 6 mois à étudier le Tamoul.
Le 8 mai 1938, Mgr Colas les conduisit à Chinnasalem où les attendait le Père Grandjany qui avait construit une Eglise et un couvent dans ce village hindou.
Pleines d’enthousiasme et de bonne volonté, elles se mirent au travail. Avec leurs rudiments de Tamoul elles contactèrent les gens, ouvrirent un dispensaire gratuit, puis deux fois par semaine visitèrent les villages des environs, tantôt à pied, tantôt en char à bœufs ou en autobus, pour les plus éloignés d’entre eux, suscitant pas mal de curiosité parmi ces gens qui n’avaient jamais eu de contact avec des étrangers.
One of them remarks that in 1939, Mr Germain sent bicycles from France to replace bullock carts. It saved quite a lot of money very helpful during those hard times. They had to buy food and medicines and take care of abandoned children whom they received.
En 1939, note l’une d’elles, le char à bœufs est remplacé par des bicyclettes envoyées de France par Mr Germain : économie bien appréciable car les ressources vont en s’amenuisant. Aux dépenses de nourriture s’ajoutent l’achat des remèdes et l’entretien d’enfants abandonnés qu’elles recueillent.
Au grand étonnement de l’entourage, elles s’étaient mises à faire elles-mêmes tous les travaux et à cultiver le terrain tout autour du couvent (comme elles le faisaient à La Motte) mais sans tenir compte du climat et autres contingences du pays.
Un chrétien qui les a connus à Chinnasalem témoigne, des années plus tard : "Elles ne disaient jamais ‘on ne peut pas faire’, mais faisaient elles mêmes tous les travaux. Je n’ai jamais vu des sœurs comme ces sœurs-là. Dans les villages elles soignaient les plaies, les abcès, la gale, les lépreux, rien ne les rebutait. Elles ne parlaient pas tellement de Jésus, ni de l’Evangile, mais enseignaient par leurs actions. Cette expérience de mon enfance m’a aidé dans ma vie chrétienne ; même au collège je n’ai pas eu cette expérience d’amitié et de service. Je remercie Dieu de m’avoir donné cette chance " .
En 1939 la guerre éclata en Europe et toutes les relations avec la France furent interrompues. Malgré leur inexpérience et le manque de directives et de ressources, elles firent preuve d’une endurance et d’un esprit de Foi admirables ; jusqu’à ce que leurs santés n’y résistent plus.
En quelques jours, les sœurs attrapèrent la typhoïde et s’en remisent plus ou moins. Sœur Marie Clotilde elle, ne s’en remettra pas. Elle mourra d’épuisement 2 ans plus tard, le 18 mai 1942 à Balmadis, dans un bungalow de la mission où elles étaient venues se reposer.
C’étaient leurs premières vacances depuis leur arrivée ! On lit dans une note écrite par l’une d’entre elles “la benjamine avait rempli sa mission, payant de ses souffrances et de sa vie… son corps est resté sur la montagne, au cimetière de Balmadis.”
La vie a repris à Chinnasalem malgré les difficultés qui ne font que s’accumuler et les santés encore précaires. C’est encore une épidémie de choléra qui fait des ravages et emporte plusieurs enfants.
Heureusement la guerre en Europe prend fin et les communications avec la France se rétablissent. Dès 1944, Mgr Colas propose aux sœurs, ébranlées par tous ces événements, de quitter Chinnasalem et de rentrer à Pondichéry, ce qu’elles acceptent volontiers.
En 1945 le couvent de Chinnasalem est confié aux Sœurs indiennes du Saint Cœur de Marie (sœurs Bleues). Les 4 sœurs des Missions Etrangères arrivent à Pondichéry le 14th Septembre 1945. Elles sont logées momentanément Uppalam dans un bungalow de la mission, en attendant qu’un local soit préparé pour les recevoir.
Mgr Colas a pour projet de les installer à la sortie de la ville dans le quartier des usines, appelé Attupatti où 3 grosses filatures tournaient à plein, faisant vivre toute une population ouvrière./p>
Les sœurs continuent ainsi leurs allées et venues entre Uppalam et Attupatti jusqu’au 26 Août 1946, où elles peuvent enfin s’installer sur place, dans une maison que la mission a fait bâtir pour leur communauté : 4 pièces et un grand dortoir en rez-de-chaussée, avec toiture en terrasse et véranda tout autour, que Mgr Colas dédia à la Sainte Famille sous le vocable de “Nazareth Convent”.Il bénit les lieux dès que les sœurs y furent installées, mais elles n’étaient plus que trois, car en mai 1946 sœur Marie Joseph avait été rappelée en France.
La Communauté grandit, il faut alors élargir l’espace de vie. On se met à l’œuvre pour remplacer le toit précaire, par une structure plus solide. Dès 1954, un vaste dortoir est mis sur pied, libérant les salles du rez-de-chaussée pour les diverses occupations de la journée. Une chapelle plus vaste est aménagée pour la communauté, dans une pièce accotée à la chapelle St Antoine.
Tout contre l’enclos de St Antoine il y a 2 cocoteraies. Après deux ans de démarches et avec l’aide d’un voisin hindou et d’un avocat musulman, l’achat de la cocoteraie la plus éloignée, celle qui vraisemblablement avait servi de "pied à terre" à St Antoine, put être achetée et ensuite échangée avec la deuxième, celle qui était attenante à St Antoine.
Le Père Chauvet avait été intrigué par des regroupements autour d’une petite chapelle dédiée à " St Antoine des Pauvres " et que des hindous entretenaient depuis quelques années. D’après la tradition, une statue de St. Antoine aurait été découverte par des musulmans qui travaillaient à l’abattoir, et qui creusaient la terre pour le compte du Gouvernement. A la demande d’une dame catholique cette statue fut placée dans un petit édifice au bord de la route d’Ariankuppam.
Quand la guerre éclata, en 1939, les chrétiens commencèrent à y venir de plus en plus nombreux malgré les efforts du Père pour endiguer ce flot de dévots. En 1940, alors que l’association des ouvriers chrétiens s’organisait à Nattangal Alai, il s’était résolu à intervenir. Avec l’autorisation de l’évêque et après de laborieuses tractations, il fut décidé que, début octobre, Saint Antoine serait ramené chez " les siens " à Nattangale Alai. Ce fut une vraie solennité : la statue fut remise entre les mains du curé de la cathédrale qui la plaça sur un char de procession pour l’acheminer vers sa nouvelle chapelle, la vaste salle de l’usine désaffectée. Depuis, tous les mardis, elle attire de nombreuses et ferventes visites, Chrétiens et Hindous.
Le Père Chauvet qui relate ces événements quelques années plus tard écrit : " La présence de St. Antoine, la dévotion du peuple, est une occasion pour certains de se réconcilier avec Dieu à travers les sacrements et même de se convertir. Vraiment St Antoine de Nattangal Alai reste " Saint Antoine des Pauvres " et maintenant les Sœurs de Missions Etrangères, grâce à lui, y ont ouvert une école.
Arrivées à Uppalam le 14 septembre 1945 les Sœurs ne restent pas inactives. Dès le 1er Octobre elles organisent des allées et venues pour prendre contact avec la population locale. Le projet de garderie pour les enfants des femmes qui travaillent en usine ne peut se réaliser ; l’entrée des usines leur étant interdite en raison de nombreux troubles entre les syndicats.
Elles concentrent donc leurs activités à St Antoine. Nous lisons dans leurs lettres : " Lundi 8 Octobre, début avec 5 jeunes filles - 2ème semaine 10 enfants et 15 jeunes filles – 3ème semaine 30 jeunes filles et première vente, un mardi, de " chaussons exécutés par les sœurs : 3 Roupies ".
Les enfants viennent peu à peu et de plus en plus nombreux et commencent à se discipliner.En Décembre 1945 ,ils sont déjà 80 et les sœurs décident d’enseigner en Tamoul, avec l’aide d’une institutrice qualifiée.
La Mission avait assuré à chaque sœur de la communauté une somme de 50 Roupies par mois, en rétribution des services rendus au collège. Cela permettait de payer les institutrices et entreprendre des démarches pour faire reconnaître l’école par le gouvernement local, qui de son côté n’apportait aucune aide. Il n’était pas question de demander une participation quelconque aux enfants, démunis de tout. Il était même urgent de leur procurer un complément de nourriture et de vêtements.
La Providence fit son œuvre ! D’abord par un sac de riz, assuré par une œuvre hindou le " sataram ", qui permit de donner, à midi, un peu de nourriture aux enfants démunis. Plus tard ce furent des envois d’Amérique. Par la suite, des usines du quartier donnèrent, à chaque Noël, des coupons de tissus écru et bleu pour habiller garçons et filles. Puis "l’usine Savana" s’impliquera en assurant la scolarité des enfants de ses ouvriers et en équipant des classes en matériel.
A St Antoine la vie s’organisait, les enfants arrivaient de plus en plus nombreux. 80, puis 120. Pour les petits il fallut employer les moyens les plus simples : un abri en bambous et feuilles de cocotier. En 1952, l’école compte 220 enfants et le gouvernement augmente son allocation.
Heureusement St Antoine se montre plus généreux ! Car pendant trois semaines de suite, la surprise fut grande de trouver dans " son tronc " un beau billet de 100 Rs… au total 300 Rs.. Miracle du Saint ? Ou offrande discrète d’un généreux donateur ? Depuis le début de l’entreprise, la mission avait laissé aux sœurs les " revenus " de St Antoine pour aider au fonctionnement de leurs " œuvres ".
A l’école, des enfants non scolarisés arrivent de plus en plus nombreux mais il faut en refuser faute de place. Une fois de plus la " Providence " prend des chemins inattendus : Un représentant du Gouvernement français vient proposer de construire des bâtiments pour abriter l’école et l’orphelinat. En effet, dans le cadre du " Plan Fides ", des fonds sont dégagés pour l’équipement d’Institutions privées enseignant dans les territoires d’Outre mer. Selon ses directives des plans peuvent être établis puis présentés pour une demande de subvention.
En octobre 1954, une des sœurs organise une soirée de danses indiennes en vue de collecter des fonds pour l’achat d’une voiture. En raison de troubles dans la ville, cette soirée fut annulée, mais les personnes qui avaient retenu leurs places refusèrent d’être remboursées et les fonds collectés en permirent l’achat.
Ces personnes qui s’étaient intéressées à ces " sœurs qui ne demandent jamais rien " insistent aussi pour qu’une Kermesse soit organisée, ce qui se fera au cours des années suivantes, apportant un supplément pour améliorer l’équipement et le fonctionnement de l’école.
En Décembre 1954, 6 salles de classe, un dortoir et une infirmerie pour les orphelines furent construites grâce aux divers fonds collectés.
Le terrain de St Antoine est trop exigu, il est nécessaire d’acquérir un terrain proche pour y bâtir l’école. Le projet est encouragé par Mgr Colas qui voudrait que les sœurs assument leur avenir, pour la pérennité de leur œuvre.
En septembre, nouvelle directive de Delhi : elles sont dans l’obligation de s’ajuster aux nouvelles méthodes anglaises d’enseignement.
Le gouvernement exige aussi que l’Institut soit propriétaire des lieux pour prendre l’école en charge. Mgr Ambrose donne alors une attestation affirmant que les Sœurs ont la jouissance totale de St Antoine.
Les travaux pour l’école vont bon train, pris en mains par le Père Caillault, économe de la mission, qui dirige avec compétence une équipe de maçons. Dès décembre 1957 l’orphelinat est terminé et inauguré par Mgr Ambrose, au grand bonheur des orphelines auxquelles, peu à peu, s’étaient jointes quelques jeunes filles de villages plus ou moins éloignés, venues à Pondichéry pour y poursuivre leurs études.
Dès février 1958, 6 classes peuvent être mises en service, et à la rentrée, l’école compte 360 enfants et 10 institutrices. Les nouvelles installations facilitent le travail, et 82 enfants sont reçus au concours de fin d’année, mais il a fallu passer progressivement au régime d’enseignement en rigueur en Inde et passer à l’Anglais.
Dès 1960 le besoin de nouvelles salles de classe se fera sentir pour les enfants qui, ayant terminé leur 1er cycle d’étude ne trouvaient pas de place pour poursuivre le 2ème degré. Une aide de Belgique et la contribution de l’Evêché permettront d’édifier un étage sur les bâtiments existants.
L’ouvroir compte 70 filles et quelques-unes commencent déjà à exécuter des travaux vendables, ce qui permet de les rétribuer un peu.
Les classes ont lieu dans des salles attenantes à la chapelle St Antoine, très chaudes et inconfortables sous une toiture en tôle ondulée, tandis que l’ouvroir s’est installé au ras du sol, sous un grand manguier, au milieu de la cour..
L’ouvroir se développait au même rythme et les travaux exécutés permettaient de rétribuer des femmes en difficulté tandis que les jeunes filles préparaient des examens de couture. Des démarches avaient été faites pour rattacher l’ouvroir à une institution reconnue à Cuddalore, en territoire indien. Des tables en ciment et des bancs leur permettaient de travailler plus à l’aise, toujours sous le manguier ! Pour les examens de couture, elles se rendront, par la suite, tous les ans à Cuddalore.
En 1946, Mgr Colas demande l’envoi de 5 nouvelles sœurs pour Pondichéry. Quatre d’entre elles remplacent, à la section française du collège de la Mission, les frères de St Gabriel qui se retirent.
Ces 5 sœurs, Sr. Marie Elisabeth, Sr. Marie Odile, Sr. Marie Regina, Sr. Marie Christiane et Sr. Marie Honoré, nommées en Août 1946, après une cérémonie de départ des plus solennelles le 3 Octobre, et un départ manqué… s’embarquèrent finalement le 26 Novembre sur le "Félix Roussel", un des premiers paquebots à reprendre la mer vers l’extrême Orient, après la guerre. Il était encore aménagé pour le transport des troupes et une trentaine de religieuses de congrégations différentes, même des Carmélites, se retrouvèrent dans un dortoir commun en toute convivialité et non sans humour. Elles débarquèrent à Colombo pour arriver à Pondichéry par train peu avant Noël.
Les cours de Tamoul commencèrent aussitôt. Tous les jours elles se rendaient chez les sœurs de St Louis de Gonzague pour s’initier à cette nouvelle langue… mais à peine l’alphabet assimilé, il fallut répondre " présent " au collège nommé " Petit Séminaire ".
Les quatre sœurs nouvellement arrivées avaient en charge plusieurs matières dans les classes de la section française, de la 10ème à la 3ème. Le collège comportait aussi une section anglaise très importante.
Tous les jeudis, les sœurs partaient par deux à bicyclette pour visiter des villages plus ou moins éloignés. Les dispensaires n’existaient pas et les malades, livrés à eux-mêmes, devaient faire des kilomètres pour se procurer le moindre médicament. Les abcès, les diarrhées, les plaies infectées étaient monnaie courante. Les épidémies de choléra, de variole, de typhoïde non encore maîtrisées se déclaraient périodiquement, surtout de 1948 à 1950, fauchant des familles entières.
Peu à peu aussi des malades venaient solliciter des soins à St Antoine, et tous les matins ils étaient reçus dans une petite pièce attenante à la chapelle. On soignait, dans la mesure du possible, avec quelques médicaments de première nécessité, tandis que les cas plus graves étaient dirigés vers l’hôpital du Gouvernement.
A partir de 1949 une fourniture gratuite de médicaments, jusqu’à concurrence d’une somme de 800 Rs. par an, attribuée par la pharmacie du gouvernement, permit de fonctionner plus facilement. Cette aide avait été obtenue par le Dr.Bigot, médecin chef de l’hôpital, en reconnaissance des services rendus par les sœurs dans les villages durant les épidémies. Plus tard des surplus envoyés d'Amérique permirent de répondre à de plus amples besoins.
En fin d’année 1950, la Co-fondatrice Mère Marie Dolorès, de passage en Inde, trouve tout le monde sur pied et en pleine activité. Début 1952, le Docteur André, responsable de l’hôpital propose aux Sœurs de collaborer avec le comité de la Croix Rouge française qui avait construit un dispensaire non loin de St Antoine. Il fut convenu que l’envoi d’une sœur qualifiée serait demandé en France pour être disponible dès l’ouverture du dispensaire.
A la fin de l’année 1952, le dispensaire " Jean Mermoz " est terminé. Il ouvre ses portes, le 19 Janvier 1953. La sœur attendue étant absente, il faut faire face avec un docteur indien et un infirmier appointés par la Croix Rouge. Le petit dispensaire de St Antoine est fermé et dès les premiers jours c’est la ruée vers " Jean Mermoz ": 250 malades par jour et 80 nourrissons pour soins et distributions de lait. Devant ce succès les responsables de la Croix Rouge demandent une assistante sociale pour élargir l’action et y joindre un centre social. Finalement, au lieu d’une infirmière, c’est Sœur Marie Paule, Assistante Sociale, qui arrivera le 7 décembre 1953..
Il y a aussi des remous au dispensaire Jean Mermoz où 150 nourrissons sont reçus chaque jour…, les transactions avec la Croix Rouge indienne tardant à aboutir.
Dès le 10 janvier 1955 visite du Pandit Nehru avec grand meeting dans la ville. Le 25 janvier le haut-commissaire chargé de l’administration visite toutes les institutions, accompagnées par le responsable du " Social Welfare " indien. Les responsables d’institutions sont convoqués le 6 février et le gouvernement recense toutes les personnes disponibles pour participer au travail social qu’il va organiser. Tout le monde est représenté, même des membres de l’Ashram.
Dès le 11 février un centre social est confié au Sœurs dans un village à 15 Km de Pondichéry. Désormais une jeep du gouvernement leur assure le transport pour visiter régulièrement ce village où deux femmes, rapidement recrutées, doivent assurer l’enseignement du Tamoul aux enfants et mener un travail d’éducation auprès des femmes.
En avril 1956 se présente l’opportunité de la location d’un petit terrain appartenant à une pagode située contre le mur de la communauté. La seule condition imposée : respecter l’habitat d’un cobra qui y a élu domicile. Le locataire très discret ne s’est jamais manifesté.
Les transformations pour le terrain finissent par aboutir en mars 1956 pour la fête de St Joseph. Depuis un an, une mission belge établie non loin de Madras, met en action une nouvelle méthode de soin qui a fait ses preuves en Afrique. La découverte d’un sulfamide efficace contre la lèpre permet de traiter les malades chez eux sans les éloigner de leurs familles.
Le docteur Hemerijickx, responsable de ce centre, œuvre dans le même sens. Faute de personnel, seuls quelques lépreux peuvent être aidés dans les villages visités.
Des demandes sont faites pour obtenir des visas d’entrée en Inde pour d’autres sœurs, mais n’aboutissent pas, malgré l’appui du Consul de France.
En quittant Chinnasalem les sœurs avaient ramené avec elles deux orphelines, auxquelles s’étaient ajoutées quelques fillettes abandonnées. Elles étaient logées, faute de mieux, dans un espace aménagé au fond de la vaste salle qui servait de chapelle, séparé par une haute cloison. A côté, une cuisine aménagée à l’indienne servait pour tout le monde.
En octobre 1955, le nouveau gouvernement exige de faire reconnaître l’Institut selon la législation indienne. Delhi accepte alors l’attribution d’une aide pour équiper l’orphelinat.
Dès le 24 janvier 1956 visite surprise d’un représentant du gouvernement pour vérifier le bon usage de l’aide. Les moindres recoins de la maison sont passés en revue, les enfants et les jeunes filles questionnées en aparté. Est-ce qu’on les traite bien ? Est-ce qu’on les endoctrine et leur fait faire des prières ? Est-ce qu’on ne leur demande pas de l’argent ? Leurs réponses prouvent le désintéressement personnel des sœurs… " Elles ne sont pas normales " en conclut-il.
Les sœurs ont reçu les orphelines et les filles pauvres dans l’orphelinat jusqu’en 1963. Aujourd’hui, les sœurs tiennent un internat pour les filles pauvres des villages et des bidonvilles, et leur procurent une protection et une éducation scolaire.
Dès le départ de Marseille le 26 Novembre 1946, Notre Mère avait exprimé le désir de voir de jeunes indiennes rejoindre l’Institut. Quand deux jeunes filles demandèrent à entrer dans la communauté il n’y eut aucune réticence. L’évêque Mgr Colas, donna aussitôt un avis favorable, et vint accueillir les deux premières postulantes le 15 juin 1947.
La première prise d’habit a lieu le 3 Octobre 1948 présidé par Mgr Colas et Mgr Mark en présence des Sœurs des deux communautés indiennes de la ville.
Aujourd’hui le Noviciat est transféré à Chennai dans la paroisse de Besant Nagar. Les novices sont formées pour devenir disciples de Jésus et porter la Bonne Nouvelle dans le monde entier.
Au cours de cette même année 1947, un projet de Communauté se met en route pour le diocèse de Salem. Trois sœurs sont demandées pour prendre en charge un dispensaire destiné aux ouvriers des plantations de café, sur les hauteurs de Yercaud.
Le 17 Avril 1948, Sœur Marie Cécile, Sœur Marie Colette et Sœur Marie Pierre arrivent à Pondichéry. Elles y séjournent pendant 2 mois, le temps d’obtenir leur permis de séjour en Inde, après quoi Sœur Marie Cécile, Sœur Marie Colette et Sœur Marie Germaine rejoignent Graigmore le 15 juin 1948, tandis que Sr Marie Pierre resta à Pondichéry pour aider à l’ouvroir.
Les élections à Pondichéry provoquent des troubles et des bagarres, aussi les responsables du Collège, prévoyant des changements plus ou moins proches, commencent à fermer les petites classes de la section française libérant l’une après l’autre Sr. Marie Régina et Sr Marie Christiane. Cette dernière s’occupera des novices, tandis que Sr Marie Régina ira à Madras pour s’initier aux méthodes anglaises de pharmacie pratiquées au dispensaire de Graigmore. Le diplôme d’infirmière de Sr Marie Cécile a fini par être reconnu par les instances, après des démarches laborieuses.
A mes Sœurs indiennes qui ont pris la relève et en souvenir de celles qui ont fait de ce pays leur seconde patrie.
Compte-rendu rédigé par Sœur Andrée Rouquette (appelée Sœur Marie Honorée)
En 1966 le Noviciat fut transféré de Pondicherry à Bangalore où Mgr. D.S. Lourdusamy, Archevêque de ce diocèse, invite les sœurs à rendre service à l’évêché.
Les sœurs visitaient les bidonvilles de Nehrupuram. Des filles n’allaient pas à l’école pour pouvoir garder leurs petits frères ou sœurs. Les Sœurs françaises Marie-Paul de la Bathie et Marie-Françoise décidèrent d’ouvrir une crèche pour accueillir les bébés à partir de 6 mois. Cette crèche continue de recevoir environ 30 bébés.
Il y a aussi un foyer de jeunes filles en recherche de travail attaché à la communauté des sœurs.
Mgr. Showry Thumma, Évêque de Nellore, rendit visite à Notre Dame de La Motte et demanda à la Supérieure Générale d’ouvrir une mission dans son diocèse.
En juillet 1970, commence une mission à Tallapallem avec deux sœurs : Sr. Madeleine Mangel et Sr. Theresa et Fatima (une aspirante). Elles ouvrent un petit dispensaire pour soigner les malades Aujourd’hui y sont accueillis des sidéens et des orphelins.
Les besoins des gens nous ont amenées à ouvrir une autre communauté à Kavali en 1971, qui comptait une population de 30.000 habitants. Sr. Joséphine y fut envoyée pour renforcer la communauté. Elle créa un Atelier "Asa Nikethan ", où les femmes des villages pratiquent " le Kalamkari ", art de l’Andhra Pradesh. Cette ONG permet aujourd’hui à 50 femmes de se nourrir de leur travail
Un centre de santé a été ouvert à Tallapallem en 1978, 10 km de Kavali. Ce centre rural couvre 29 villages d’une population de 50,000 habitants, il compte 25 lits en internes et environ 300 malades externes y reçoivent des soins. Ce centre reçoit aussi les orphelins ainsi que des sidéens, qui sont logés, nourris et scolarisés. Les malades du sida et les lépreux y sont également soignés.
En 1973, le Noviciat fut transféré de Bangalore à Chennai. Depuis cette date, des filles rejoignent régulièrement notre Institut pour servir la mission. Cette maison de formation prépare les candidates pour vivre le charisme de l’Institut et se préparer pour partir en mission.
En 1987, une petite communauté a été fondée à Thirukkoilur, pour assurer la pastorale des villages et des soins aux malades des villages éloignés, grâce à une clinique mobile.
Les sœurs y sont engagées dans la pastorale de la paroisse, préparent les enfants et adultes à recevoir les Sacrements et animent les réunions de la Communauté Chrétienne de Base. Quelques sœurs enseignent aussi dans l’école du diocèse.
En 1996, une petite communauté fut ouverte avec quatre sœurs dans le diocèse d’Indore en Madhya Pradesh. Après un temps d’expérience, devant l’impossibilité de poursuivre la mission, la communauté fut transférée dans la ville d’Indore.
Aujourd’hui, les sœurs collaborent avec les services sociaux du diocèse d’Indore et travaillent aussi dans les institutions des autres religieuses.
En 2000, nous avons ouvert une communauté dans l’Etat de Karnataka, là où notre Fondateur le Père Albert Nassoy avait été missionnaire. Au début, les sœurs s’occupaient des enfants des bidonvilles pour leur donner des cours de rattrapage et offrir aux jeunes filles, quelques cours de couture.
Aujourd’hui, les sœurs se concentrent davantage sur l’éducation des enfants des prisonniers, sur la pastorale et rendent visite aux immigrés du Tamilnadu. Une sœur travaille dans l’hôpital du diocèse comme infirmière. Une autre sœur travaille dans un centre de réhabilitation pour des alcooliques.
En 1949, une première maison fut ouverte à Bethanie pour travailler avec les Pères des Missions Etrangères de Paris (MEP).
Par la suite, les Sœurs se sont engagées dans plusieurs activités : diriger une école primaire, enseigner le catéchisme, travailler à la publication d’une revue en Anglais " Joyful Vanguard ", rendre visite aux gens des villages etc. Monica, la seule candidate Chinoise s’est jointe à l’Institut et a reçu sa formation avec Sœur Marie Elia Ginestet, française. En 1973, ces sœurs ont été rappelées en France.
En 2003, trois Sœurs Indiennes ont été envoyées pour travailler avec Sr. Monica, de retour à Hongkong pour poursuivre sa mission. Aujourd’hui elles rendent différents services :
Les Sœurs travaillent dans plusieurs paroisses et sont engagées dans la visite aux malades dans les hôpitaux et à domicile, aux personnes âgées dans les maisons de retraite et aux prisonniers. Elles portent la communion aux malades et aident dans l’école du dimanche pour le catéchisme aux adultes.
Ceux et celles qui veulent recevoir le baptême doivent s’inscrire dans les paroisses et suivre le catéchisme pendant 2 ans. Tous les ans à la veillée Pascale, 2 ou 3 mille catéchumènes reçoivent le Baptême, la Confirmation et font leur Première Communion.
Pour cette mission, il est nécessaire de suivre 3 mois de formation ; ensuite on doit faire une demande pour obtenir une carte de visiteur. Ce n’est qu’au terme de ces démarches que l’on obtient l’autorisation de rendre visite aux prisonniers.
En mai 1951, les Sœurs furent envoyées au Japon pour une première fondation, afin de participer au travail de restauration après la 2ème guerre Mondiale. Le peuple vivait encore sous le choc, aussi c’était une occasion d’évangélisation. Au milieu des ruines, le peuple Japonais cherchait un support spirituel, qu’il espérait trouver dans les Eglises.
En 1952, une Japonaise s’est jointe à l’Institut, et fut envoyée en France pour sa formation. Par la suite, d’autres filles se sont jointes à elle, et furent toutes envoyées à la Maison Mère en France pour leur formation. Avec l’arrivée d’autres Sœurs françaises dans le pays, elles ont ouvert une maison pour les enfants appelée: " Maison de Sainte Famille ".
Les sœurs ont ensuite commencé plusieurs activité pour servir l’Eglise et le peuple : Ainsi : " Morning Star Recycling Centre ", puis une communauté pour les chiffonniers, " Emmaüs ", une autre pour les " SDF : Sans Domicile Fixe ", et une pour les travailleurs d’un lieu appelé " Kamagasaki ".
Les Sœurs ont aussi travaillé pour rendre service aux prisonniers et ont ouverts une école et un jardin d’enfants.
Aujourd’hui par manque de vocation, l’Institut est amené à mettre un terme à sa présence au Japon. Quelques sœurs Japonaises y sont encore présentes, mais, âgées et à la retraite.
C’est le 13 août 1949 que 4 Sœurs des Missions Étrangères quittaient la France pour l’Argentine. Il s’agissait des sœurs Marie Vincent de Pins, Marie Suzanne Vigneau, Marie Léonie Duquet et Marie Mathilde Guillaume. Après quelques jours passés à Buenos- Aires, les 5 Sœurs et Notre Mère prenaient le train pour Cordoba, Hurlingham.
Au cours des années de présence des soeurs à Hurlingham, 2 jeunes filles du pays, Marie Fatima et Marie Victoria exprimèrent le désir d’entrer dans l’Institut; elles furent acceptées et allairent faire leur noviciat à La Motte, mais elles rentrèrent chez elles avant d’émettre leurs premiers voeux...
Aujourd’hui, en raison du manque de vocation, la mission d’Argentine sera fermée avec les dernières sœurs qui sont encore fidèles à leur lieu de mission.
Population : 20.600 000 habitants : un malgache sur deux a moins de 15 ans. Un sur quatre vit dans les villes ; espérance de vie : 52 ans ; analphabétisme : 53,5%
Quelques données statistiques : 25 Evêques (dont 7 étrangers) ; 661 prêtres diocésains, 919 religieux (70% de Malgaches).
De nombreuses congrégations religieuses travaillent à Madagascar : 90 féminines – 30 congrégations masculines qui dirigent de nombreuses écoles maternelles, primaires secondaires… des hôpitaux, des dispensaires et des orphelinats etc…
Le niveau de vie dans les zones rurales, tout comme dans certains quartiers de la ville est encore bien en dessous du seuil de pauvreté.
Le Diocèse de Mananjary a une population de 850.000 habitants dont 115.000 catholiques. Les difficultés de la population sont de plusieurs ordres :
- incapacité à être autosuffisante
- Beaucoup d’enfants en âge d’être scolarisés ne fréquentent pas l’école pour diverses raisons.
- Les jeunes sont nombreux, mais peu d’entre eux ont une véritable perspective dans le monde du travail
L’Eglise a mis en œuvre différents projets de développement par son action sociale et ses activités en parallèle à l’annonce de l’Evangile
C’est en 1970 que les premières sœurs ont été envoyées dans le diocèse de Mananjary. Par la suite, Sœur Suzanne Regimbeau resta seule pour continuer sa mission.
En brousse Nous sommes présentes dans deux villages :Sahavato et Ambodilafa.
Depuis 1991, les Sœurs indiennes sont envoyées périodiquement à Mananjary pour travailler avec Sœur Suzanne sur le plan santé et éducation. Ces services sont très nécessaires pour les habitants qui doivent faire souvent de nombreux kilomètres à pied pour recevoir des soins ou envoyer leurs enfants à l’école.
Les services principaux rendus par les sœurs sont les suivants :
• Travail pastoral auprès des plus défavorisés
• Formation des femmes et des jeunes filles dans les villages
• Soins de santé donnés aux malades en brousse
• Education, animation des jeunes et des adultes
Un dispensaire a été ouvert en 1990, aidé par une association " Beaunes tiers monde). Les malades y arrivent à pied, parfois au terme de 50 à 60 kilomètres de marche. Environ 35 par jour, soit 570 dans une année. Ce dispensaire aide aussi financièrement si les malades ont besoin de traitement dans les villes soit à Mananjary ou à Finarantsoa.
Nous conscientisons aussi les malades et les jeunes sur sida et sur une hygiène familiale.
Dans cette même perspective de procurer des soins de qualité et accessibles à tous, notre évêque a confié au P.Jean-Yves Lhomme MEP, la réalisation du projet de l’hôpital St.Anne à 7kms de Mananjary. Il a demandé des Sœurs des Missions Etrangères pour en assurer le service.
Depuis plusieurs années, les Sœurs aident les Instituteurs dans des écoles. Nous organisons aussi des sessions de formation. Les Sœurs suivent également des sessions pour améliorer leur travail d’éducatrices.
Durant ces dernières années le nombre d’élèves a augmenté. ( 280 à 300 à Sahavato et un peu moins à Ambodilafa ) Les bâtiments se détériorant, ou devenant insuffisants, il a fallu reconstruire 5 salles de classe à Sahavato et 3 salles à Ambodilafa, ceci a pu se faire grâce à des aides diverses : Pères M.EP., " Sainte Enfance " et bienfaiteurs.
Cette année, L’Ecole de la Ste. Famille de Sahavato a célébré son jubilé : Tous les villages d’où viennent les élèves ont participé à la préparation de cette fête. L’évêque et le Père Alazard, fondateur de l’école, étaient présents.
Une fois par an nous organisons deux semaines " d’école ménagère " avec cours de couture, information sur la nutrition, le planning familial, l’hygiène… Nous faisons appel à des personnes compétentes. Le financement est assuré par des bienfaiteurs.
Une aide alimentaire a été procurée aux familles nécessiteuses comme celles avec de nombreux enfants, orphelins, et personnes âgées. Cela a été fait de 2006 à 2008.
En ce qui concerne le travail pastoral il s’agit surtout d’un accompagnement ponctuel des différents responsables de la catéchèse, de la liturgie ou des mouvements pour les enfants, les jeunes et les adultes.
(Ce texte est Collecté des archives de Notre Dame de La Motte par Sœur Lily Marie Manikam et édité par le Père Jean-Michel Cuny mep.)